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domingo, fevereiro 13, 2005

Alicerçando Palavras # 42 - Georges Lukács


VIVE LE MARXISME ­LENINISME ­MAOÏSME!
VIVE LA GUERRE POPULAIRE!

L'idéal de l'homme harmonieux dans l'esthétique bourgeoise

(1938)

(...)
L'un de ces extrêmes est la glorification du mode de développement capitaliste des forces productives leur seul mode de développement possible pour une longue période ­ qui mène à une apologétique prompte à fermer les yeux sur l'asservissement et le morcellement effroyables de l'homme, sur la laideur horrible de la vie, que ce développement des forces
productives amène nécessairement et dans une proportion croissante.

L'autre erreur extrême est le refus de voir le caractère progressiste de ce développement en raison des conséquences abominables qu'il produit à tous égards sur le plan humain: une fuite hors du présent vers le passé, hors du présent du travail devenu absurde, de ce travail où l'homme est devenu un simple appendice de la machine: une fuite dans le Moyen Age,
où le travail varié des artisans pouvait encore se «hausser jusqu'à un certain sens artistique borné » (Marx), où les hommes entretenaient encore avec le travail des «rapports esclavagistes débonnaires » (Marx). C'est la scission de l'apolog étique et de la réaction romantique.

Les grands poètes et esthéticiens des Lumières et de la première moitié du XIX è me siècle ne succombent pas à ce faux dilemme. Mais ils ne sont pas non plus en mesure de résoudre les contradictions existantes de la soci été capitaliste. Leur grandeur et leur audace tiennent à ce que, sans nul souci de la situation contradictoire où ils sont obligés de s'enfermer, ils critiquent impitoyablement la société bourgeoise et cependant
ne renoncent jamais un seul instant à s'affirmer pour le progrès. C'est pourquoi, chez les hommes des Lumières, les aspects contradictoires sont juxtaposés inopinément.

Les poètes et penseurs du classicisme allemand, dont l'activité décisive coïncide d éjà avec la période qui a suivi la Révolution française, cherchent diverses solutions utopiques. Leur critique de la division capitaliste du travail n'en est pas moins aiguë que celle des hommes des Lumières. Eux aussi soulignent avec une rigueur croissante le morcellement de l'homme. Le Wilhelm Meister de Gœthe pose la question: « A quoi me servirait de fabriquer de bon fer, si mon être int é rieur est plein de scories? Et à quoi bon administrer un domaine quand je suis en désaccord avec moi ­même?»

Et il voit aussi tr è s clairement que cette essence inharmonieuse est en rapport avec la situation sociale de la bourgeoisie. Il dit: "Un bourgeois peut acquérir du mérite, et tout au plus cultiver son esprit; mais quoi qu'il fasse, sa personnalité se perd entièrement [...]. Il ne doit pas dire? "Qui es ­tu?..." mais : "Qu'as ­tu? Quelle intelligence, quelle connaissance, quelle aptitude, quelle fortune..." Il doit, pour se rendre utile,
d é velopper certaines aptitudes seulement, et il est entendu d'avance qu'aucune harmonie ne se dégage et ne doit se dégager de son être, du moment que pour se rendre utile de telle ou telle façon il lui faut négliger tout le reste.»

Or, les grands poètes et penseurs de la période allemande classique cherchent l'harmonie de l'homme et la beauté correspondante dans l'art. Leur action se place déjà après la Révolution française, c'est pourquoi ils ont perdu les illusions héroïques des Lumières. Mais ils n'abandonnent pas la luttepour un homme harmonieux et pour l'expression de celui ­ci
dans l'art.

Georges Lukacs


(...)