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quinta-feira, abril 07, 2005

Alicerçando Palavras # 56 - Simone de Beauvoir 1908/1986


Je l'ai dit: Sartre vivait pour écrire; il avait mandat de témoigner de toutes choses et de les reprendre à son compte à la lumière de la nécessité; moi, il m'était enjoint de prêter ma conscience à la multiple splendeur de la vie et je devais écrire afin de l'arracher au temps et au néant. Ces missions s'imposaient à nous avec une évidence qui nous en garantissait l'accomplissement; sans nous le formuler, nous nous rallions à l'optimisme kantien: tu dois, donc tu peux; et en effet comment la volonté se mettrait-elle en doute dans le moment même où elle se décide et s'affirme? c'est tout un, alors, de vouloir et de croire. Aussi faisions-nous confiance au monde et à nous-même. La société, sous sa forme actuelle, nous étions contre; mais cet antagonisme n'avait rien de morose: il impliquait un robuste otpimisme. L'homme était à recréer et cette invention serait en partie notre oeuvre. Nous n'envisagions pas d'y contribuer autrement que par des livres: les affaires publiques nous assommaient; mais nous escomptions que les événements se dérouleraient selon nos désirs sans que nous ayons à nous en mêler; sur ce point, en cet automne 1929, nous partagions l'euphorie de toute la gauche française.

Simone de Beauvoir, La Force de L'Age, NRF, Gallimard, 1960